Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Poévie

16 juillet 2020

III. Instants vécus

La pluie tombe en rideaux de lumière

Dans le petit jardin

Enveloppant d'un bel incendie serein

Le foyer éphémère

L'appartement de ma très chère

Bercé par la musique de la pluie

Des oiseaux de la rue et de la radio

 

Et au milieu elle était là

Maîtresse en pyjama

Au sourire de souris

D'un nid de joyeux bordel chaleureux

C'était l'odeur de tabac

Que répandaient ses cheveux

Ou celle des festins de fortune

Qu'on cuisine à deux quand on veut

 

Dans cette ville c'est là qu'elle vit

Pour le moment

Au coin d'une rue anonyme et étrangère

Repère secret de notre amour

Apparu là par hasard

Ici ou autre part

C'est là que vivent mon cœur et ma chérie

Sa confidente sa complice son amie

 

Si son regard monte vers moi

Depuis le canapé

Ma retenue sapée tout s'effondre

Il n'y a qu'à se pencher

Les promesses aperçues

Sont à portée de bouche

Les instants plus vivants et plus vécus

Et je plonge

 

Quand je fais la vaisselle

Comme dans mon souvenir

Je l'entends encore chantonner

Le silence effrayant

N'était plus que l'espace

Vaste et accueillant

Des abandons futurs

Rêve si simple et si limpide

Qu'il s'est réalisé

Tout seul comme une fleur

Ou comme un feu follet

Tout foufou de ferveur

Et qui s'éteint doucement en pleurant

 

Je devrais dormir

Mais les chuchotements coulent si facilement

Des lèvres au cœur

De l'igloo de ses draps

Yeux brillants à demi fermés

Palpitement de paupières pour un ou deux instants

Vaincu je n'ai plus peur du froid dans ses bras

Car il n'y a plus de froid et plus de peur

Et nous étions chez nous

Dans ce paradis

Publicité
Publicité
14 juillet 2020

II. Vers l'indifférence

 

Tu n'as eu qu'à tourner la tête pour allumer un amour.

Tu n'as eu qu'à la détourner pour le balayer.

Tous les souvenirs s'en vont avec les projets,

Fumées dans le vent de ton rire.

Et qu'avons-nous vécu, et qu'avons-nous rêvé ?

Qu'étions-nous l'un pour l'autre dans la foule humaine ?

Si ce sont des instants qu'on aime,

Comme des histoires qu'on se raconte,

J'y crois comme à l'étoile filante

Qui n'a jamais rien exaucé,

Qui est belle, et puis qui s'en va,

Comme des amoureux, à nouveau étrangers.

Devinais-tu la fin quand on s'embrassait ?

À quoi pensais-tu ? Qui est-tu ?

 

Mais ce ne sont plus tes yeux que j'aime,

Ce sont les couleurs du jardin qu'ils me rappellent,

Où tu étais déjà la reine de ma vie et le bouffon qui l'égayait.

Et ce ne sont plus tes gestes et ta voix adorables que j'adore,

Mais les promesses de bonheur qu'ils agitaient dans l'air, tout près.

Car ce n'est plus ton aura que j'aime, mais cette aura sans nom ni visage,

Ce paradis qui n'est nulle part en particulier, et vibrant de possibles.

Ce n'est plus ton cher cœur qui fait déborder le mien,

Ce sont les trésors que j'ai trouvés dans ses profondeurs

(en cherchant bien, mais je les ai trouvés)

Et que je devine maintenant dans tous les autres.

Ce ne sont plus tes angoisses que je meurs d'envie de noyer en t'inondant de joie,

Mais la source n'est pas tarie, et je suis encore plein ;

Et ce n'est plus moi que tu blesses par ton indifférence

Quand, pierre tombant dans le vide entre nous, elle atteint, parfois, mon petit orgueil.

À présent, ce n'est plus dans ton regard que je veux plonger tout entier,

Mais dans le bout d'existence neuve qu'il a eu le temps de me dévoiler.

 

Tous ces souvenirs d'espoirs, je les garde avec moi

Comme des îlots éphémères et sans âge

Où le manque de ta présence

Me ramène encore, de temps en temps.

Mais je sais que le secret de mon bonheur t'a glissé des mains

Et que tu pars, légère, rayonner ailleurs.

Ton éclat s'affaiblit,

Tu deviens toute petite,

Je ne te vois presque plus.

Pourtant, tu étais mon seul chemin vers la vie.

Mais puisque tu as cessé d'être mon amour, je l'emporte sans toi.

Salut !

 

10 juillet 2020

I. Si vraiment

I.

 

Si vraiment

 

Quelqu'un a dit que "la distance est l'âme de beau",

Et tu es excessivement belle.

Et si je n'ai pas rêvé, ou si mon rêve n'est pas qu'une erreur,

Si tu es vraiment celle en qui éclosent tous mes espoirs,

Le regard embrassant qui peut libérer les flots rythmés de ma vie,

Celle qui me prend la tête et y verse un feu insoupçonné -

Si tout ça est vrai, alors la distance aussi est réelle,

Et je m'y cogne comme une mouche à une ampoule

Lorsqu'elle veut rejoindre le lointain soleil qui s'y trouve.

 

Si vraiment la joie parcourt le monde sans repos,

Si vraiment « aimer est au sommet de tout », comme dirait l'autre,

Alors je suis un gouffre avide,

Un cratère béant, ouvert par ton rire venu d'ailleurs que là où je suis et qui m'a plu

Dessus comme de la grêle de météores,

Et je sens pousser en moi des forêts de prières

Qui tendent leurs branches muettes vers le chaud et miraculeux horizon

Que tu emportes avec toi, peut-être sans le savoir.

 

Et si vraiment la beauté peut sauver quoi que ce soit,

Alors qu'est-ce qu'elle attend ?

Dire qu'il suffirait peut-être d'un instant, plus ouvert, plus hésitant,

D'une atmosphère un peu plus flottante, ample

Et enveloppante (où nous serions enfin libres et nous-mêmes)

Qui se déploierait en douce dans le vide sidérant des conversations,

Avec l'aide complice d'une lumière caressante,

D'un début de nuit, en été,

Quand le monde est plus beau, et qu'il est moins facile d'y faire semblant...

Une bulle, un petit moment à chérir, dans le vaste temps qui s'en va

– Un clin d’œil – auquel

Nous pourrions nous attacher.

Publicité
Publicité
Publicité
Archives
Publicité