III. Instants vécus
La pluie tombe en rideaux de lumière
Dans le petit jardin
Enveloppant d'un bel incendie serein
Le foyer éphémère
L'appartement de ma très chère
Bercé par la musique de la pluie
Des oiseaux de la rue et de la radio
Et au milieu elle était là
Maîtresse en pyjama
Au sourire de souris
D'un nid de joyeux bordel chaleureux
C'était l'odeur de tabac
Que répandaient ses cheveux
Ou celle des festins de fortune
Qu'on cuisine à deux quand on veut
Dans cette ville c'est là qu'elle vit
Pour le moment
Au coin d'une rue anonyme et étrangère
Repère secret de notre amour
Apparu là par hasard
Ici ou autre part
C'est là que vivent mon cœur et ma chérie
Sa confidente sa complice son amie
Si son regard monte vers moi
Depuis le canapé
Ma retenue sapée tout s'effondre
Il n'y a qu'à se pencher
Les promesses aperçues
Sont à portée de bouche
Les instants plus vivants et plus vécus
Et je plonge
Quand je fais la vaisselle
Comme dans mon souvenir
Je l'entends encore chantonner
Le silence effrayant
N'était plus que l'espace
Vaste et accueillant
Des abandons futurs
Rêve si simple et si limpide
Qu'il s'est réalisé
Tout seul comme une fleur
Ou comme un feu follet
Tout foufou de ferveur
Et qui s'éteint doucement en pleurant
Je devrais dormir
Mais les chuchotements coulent si facilement
Des lèvres au cœur
De l'igloo de ses draps
Yeux brillants à demi fermés
Palpitement de paupières pour un ou deux instants
Vaincu je n'ai plus peur du froid dans ses bras
Car il n'y a plus de froid et plus de peur
Et nous étions chez nous
Dans ce paradis